Son combat? Dénoncer les dérives qui au fil des années ont, à son avis, éloigné la Société protectrice des animaux de ses finalités premières de
sauvetage, protection et d'amour des bêtes.
Ce combat tous azimuts lui a déjà valu des démêlés avec la justice. Lundi, elle a gagné devant le tribunal correctionnel de Toulouse le procès en diffamation que lui avaient intenté les
instances dirigeantes de la SPA (lire « La Dépêche du Midi » du 2 mai). Infatigable, elle est également à l'origine d'une plainte pour « escroquerie, abus de confiance et détournement de legs
». (lire ci- dessous).
En dénonçant, lundi, une Société protectrice des animaux, devenue « prestataire de mort », le Dr Bousquet a choisi de s'attaquer au mariage, à son goût contre nature, qui lie la SPA à la SACPA,
une société anonyme dont la raison sociale a de quoi faire frémir les amis des bêtes.
Implantée à Pinderes, dans le Lot- et-Garonne, la SECPA est en effet, selon le registre du tribunal de commerce du Lot-et-Garonne, spécialisée dans « la capture, l'effarouchement acoustique, la
répulsion mécanique et l'euthanasie de tous les animaux et notamment les pigeons. Ainsi que dans la fabrication, la vente, la location et le négoce de tous produits concernant l'espèce animale
et notamment du matériel de capture, transport et d'euthanasie ».
LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES...
Pour Serge Beulay, vétérinaire et président national de la SPA, ce partenariat avec une société privée a été imposé par la loi sur les animaux du 1er
janvier 1999. Cette loi interdit en effet à la SPA d'assurer directement le ramassage, la capture et la mise en fourrière des animaux errants. « Pour ne pas laisser le champ libre à des
sociétés privées, la SPA a été contrainte de créer une structure commerciale parallèlement à sa structure associative », explique le Dr Beulay.
Au cours de l'année 1999, la Société protectrice des animaux s'est donc associée avec la SACPA pour racheter « Chenil-Service ». Pour 7 MF, la SPA, via sa structure commerciale, est devenue
propriétaire de 60 % du capital de cette société, les 40 % restants revenant à la SACPA.
A l'arrivée, à l'exception de l'Ile-de- France où la SACPA a conservé le marché des fourrières, « Chenil- Service » a récupéré la gestion des fourrières municipales qui était autrefois assurée
par la SPA. Contacté hier par téléphone, Jean-François Fonteneau qui porte la double casquette de PDG de la SACPA et de « Chenil-Service » refuse d'apparaître comme un bourreau de chiens et de
chat: « Nous récupérons environ 50.000 animaux par an. 80 % de cette population connaît un devenir favorable ». Mais 20 % de ces animaux sont finalement euthanasiés par une structure dans
laquelle la SPA est actionnaire majoritaire. Une réalité qui est aujourd'hui devenue insupportable pour une partie des bénévoles de la société protectrice des animaux qui croyaient en toute
bonne foi oeuvrer pour « le sauvetage, la protection et l'amour des animaux ».
Où va l'argent des donateurs?
La plainte pour « abus de confiance, escroquerie et détournement de legs » déposée en mai 2000, devant le doyen des juges d'instruction de paris, par le
Dr Maryse Bousquet et 16 présidents d'antennes locales destitués, pose une question centrale: où va l'argent des donateurs qui choisissent à leur mort, de donner tout où partie de leurs biens à
la SPA?
A Toulouse, deux de ces legs (dont un de 800.000 F) ne sont jamais revenus dans l'escarcelle de l'antenne locale. Lorsque l'affaire sera jugée, les juges devront se prononcer sur la légalité du
chemin emprunté par ces sommes d'argent.
Pour les plaignants, depuis une dizaine d'années, cet argent est bel et bien « confisqué », par la direction centrale qui le répartit ensuite à sa guise. Les anciens présidents dénoncent un
système organisé de captation des legs, via les destitutions des présidents délégués.
Privées de leurs présidents, les antennes locales perdent leur capacité juridique ce qui entraîne, de facto, le transfert des dons vers la direction centrale qui omettrait ensuite de les
restituer aux antennes à qui ils étaient destinée par le donateur.
Habitué à croiser le fer avec les associations caritatives- il est à l'origine de la première plainte déposée en 1996 contre Jacques Crozemarie, l'ancien président de l'ARC - Me Roland
d'Ornano, avocat des 17 plaignants s'étonne du fonctionnement de la SPA. « C'est une association où les comptes ne sont approuvés que par une toute petite poignée d'adhérents. Il est pour le
moins curieux que personne au sein de la SPA ne demande des comptes au président », remarque-t- il.
Serge Beulay refuse en bloc cette critique. « Tous les legs qui nous sont faits doivent remonter à Paris pour être avalisés par le conseil d'administration, et la préfecture de police »,
explique le directeur national de la SPA. « Ces legs sont ensuite entièrement réaffectés s'ils sont destinés à une antenne particulière. Sinon, ils appartiennent à l'ensemble de la SPA ». Quant
au contrôle des finances de l'association par les adhérents, le président national est formel: « Nous n'envoyons pas les comptes à travers toute la France, les gens qui se posent des questions
n'ont qu'à venir à l'assemblée générale pour se mettre au courant et poser des questions ». Des questions qui sont pour l'instant posées à un juge d'instruction, et, parallèlement, aux experts
de la cour des comptes.
Bernard DAVODEAU